The Vanishing of Ethan Carter
« Ce jeu est une expérience narrative qui ne vous prendra pas par la main »
Le début de The Vanishing of Ethan Carter
J’ai lu pas mal de choses concernant ce jeu. Des choses pas totalement dénuées de sens mais qui passent un peu à coté des vrais intérêts et but du jeu.
Pourtant le premier « avertissement » ou les premières lignes de texte que l’on peut lire lorsqu’on appuie sur « commencer une partie » est plutôt clair et simple à comprendre. « – Ce jeu est une expérience narrative qui ne vous prendra pas par la main. »
Comme à la vue dans son magnifique teaser/trailler, ce jeu n’est pas forcément un jeu comme un autre. Ceci se vérifiera plusieurs fois lors de notre escapade.
« The vanishing of Ethan Carter » est une expérience narrative. On le remarque dès les premiers instants avec la voix off du personnage que l’on incarne, qui nous explique sa vision des choses concernant l’affaire et ceci tout au long du jeu.
Ce jeu est une expérience mais pas forcement une expérience réussie pour tout le monde comme en témoigne les nombreuses remarques de ceux qui sont passés totalement à coté de l’œuvre. De mon point de vue, c’est une expérience belle et unique dans le milieu vidéo ludique. Le jeu fait 3-4h et certains scanderont : « c’est trop court ». N’oublions pas une chose : Des films sont bien plus courts que ça et ont été capables de provoquer des émotions et de raconter des histoires géniales. Des nouvelles, des BD, des comics et des mangas peuvent se terminer en moins de temps également. Soyons honnêtes, préférez-vous jouer pendant 15 heures à un jeu dont le propos ne se renouvelle que trop rarement ? Ou plutôt jouer 3-4 bonnes heures où l’on ne s’est pas ennuyé et on a profiter vraiment de quelque chose d’assez unique ?
L’autre reproche que l’on fait souvent à ce titre concerne ses énigmes, pour certains, trop compliquées ou dures à comprendre immédiatement (nos amis les tutoriels qui nous tiennent par la main ?). Pour d’autres trop simples et pour d’autres encore on pourrait passer à coté de certaines trop facilement. Sachant que le gameplay se résume grossièrement à marcher 85% du temps (si pas plus), je me demande comment on ne peut pas saisir assez rapidement que le jeu fait la part belle à l’exploration. La contemplation, l’observation, et finalement à écouter une histoire… Oui les énigmes ne sont pas forcément compliquées et ne sont pas non plus simples à saisir en 2 secondes pour ceux qui sont pressés de terminer le jeu le plus rapidement possible (pour aller se plaindre ensuite qu’il est trop court ?).
Non, ce jeu, est fait pour qu’on prenne son temps, qu’on observe l’environnement magnifique teinté d’une certaine mélancolie et surtout d’accepter qu’on n’est pas là pour délivrer une performance, l’étendue de ses talents incroyables de réflexions ou de sa rapidité. Les énigmes sont accessibles pour ceux qui prendraient le temps d’en saisir un minimum les mécanismes relativement bien expliqués lors des 2 premières heures, mais non le jeu refusera de nous prendre par la main pour nous expliquer sur quel bouton appuyer à quel moment. De cette façon on découvrira ses « capacités » en même temps que le personnage que l’on incarne. Ceci pour des raisons scénaristiques que l’ont découvrira plus tard avec plaisir. Si l’on passait à coté de certaines énigmes, on ne serait pas pénalisé et on nous expliquerait ce que l’on a manqué, mais cette très douce « punition » ne risque pas de se produire si on est un minimum observateur et attentif.
Maintenant, parlons des graphismes, car dur de ne pas en parler vu la beauté du titre. Mais oublions l’aspect technique complètement fou et incontestable du titre. On va plutôt regarder les graphismes sous le prisme de sa direction artistique. On va la décrire de cette manière : La campagne dans les années 70, un lever de soleil étrange, des paysages et des bâtisses vides de toute vie, une forêt gorgée de vent, un barrage immense et une atmosphère mystérieuse et intrigante, pas forcément hostile mais pas forcément rassurant, avec un jeu de lumière magnidique qui vient appuyer le tout en fonction des événements. Par exemple des teintes chaudes pour un « monde », des teintes froides pour un autre.
La direction artistique est à l’image de l’ensemble du titre, extrêmement bien soignée et aboutie.
Concernant l’aspect sonore, les musiques sont belles, originales et s’adaptent parfaitement aux situations. Les sons sont justes, font mouches et renforcent d’avantage l’immersion.
L’interface est d’ailleurs totalement invisible et très discrète toujours au service de cette immersion.
Maintenant parlons du vrai intérêt du titre : Ce n’est pas ses graphismes incroyables, ce n’est pas son gameplay relativement simple, ce n’est pas ses énigmes. Non, tous ces points sont au service de cette fameuse immersion, d’une super histoire ou comme averti dès le départ : de son expérience narrative.
C’est quand on décide de se laisser porter par celle-ci que le jeu brille de maturité, d’intelligence et d’originalité.
Le jeu étant immersif au possible. L’histoire étant incroyablement bien écrite et bourrée de détails intéressants, pleines de métaphores et de références littéraires. Le jeu est d’une incroyable cohérence tout du long. La fin explique beaucoup de choses et elle est tout simplement géniale.
Qu’est ce donc que Ethan Carter ? Un jeu que vous devrez jouez en vous disant que vous avez du temps devant vous, que vous ne devez pas vous presser, vous devez vous laisser emporter par son histoire. Un jeu qui nous propose une expérience narrative inédite, relativement bien construite, bien écrite et soignée du début à la fin.
Par pitié ! Ne lancez pas ce jeu en vous disant « bon alors je vais résoudre ces énigmes car je suis trop fort » ou « je vais voir combien de temps de jeu dure ». Vous ne faites pas ça en lisant un bon livre, ou en regardant un bon film. Pourquoi le ferriez-vous avec un jeu qui vous averti dès le début qu’il n’est pas fait pour ça ? C’est pas la quantité qui est important, ni si vous êtes le plus fort du monde, ce qui est important c’est cette histoire qu’on nous raconte. Concentrons nous donc dessus. Alors, vous ne le regretterez pas une seule seconde.
Certains diront que ce n’est pas un jeu. Mais je pense que c’est le cas, car on s’amuse, on tire une satisfaction à comprendre les mystères qui régissent le monde dans lequel on est plongé. Ce n’est pas un jeu à challenge, mais un jeu à histoire. Il en manque beaucoup trop, alors je le conseil vivement à toutes personnes qui voudraient s’essayer à quelque chose de différent, d’assez unique et qui nous plonge dans une narration sublimée par le l’interactivité du jeux vidéo de manière très maline.
Si vous n’avez pas envie d’un tel jeu, « chacun ses goûts » et c’est normal. Mais ne vous attendez pas à lancer un FPS, un point & click comme beaucoup d’autres. « The vanishing of Ethan Carter » est tellement plus que cela. Il mérite qu’on prenne ses petites heures et qu’on les savoure comme un délicieux met. Non qu’on avale tout rond comme beaucoup de productions qui n’ont que très peu de saveurs au final.
- Graphismes 100%
- Ambiance / Histoire 100%
- Gameplay 90%
Et vous ? Vous aimez les expériences narratives ?
le rat et l'ours
Studio de graphisme
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